vendredi 1 mai 2015

Des petits papiers

Trier, jeter, ranger, telles sont mes occupations du moment. Je fais tout cela avec importance mais sans m'y attarder. Ce qui me paraissait impossible à bazarder l'a été, des cartons et des cartons de livres abandonnés au coin d'une rue mais qui feront le bonheur, je l'espère, d'autres lecteurs, à moins qu'ils ne soient convertis en monnaie sonnante et trébuchante mais qu'importe, au bout de la monnaie, il y aura des lecteurs encore.
J'ai beaucoup jeté aussi, sans remords, sans regrets, sans regards, la vie me pousse à me délester, tout cela était un poids,, ma poitrine ne peut plus se comprimer davantage, il lui faut de l'air et du vent.
Et puis les petits papiers, plein de petits papiers, des carnets, des calepins, des feuilles volantes, doubles, simples, des blocs, des cahiers, certains aux jolies couvertures, d'autres plus modestes, tous mes exercices d'écriture, quelque chose m'a retenu au moment de les balancer eux aussi, j'ai laissé là mes petits papiers, me promettant de leur réserver un sort.
Mais ces écritures sont les miennes, alors je suis revenue le lendemain, j'ai pris la peine de relire et celles dont je ne voulais plus, je leur ai dit "adieu" et "merci". Merci pour ces moments entre moi et moi, merci pour m'avoir permis d'extraire la graine de la gangue. Je n'avais plus besoin de certaines d'entre elles, mais je n'ai pas pu les déchirer, elles ne le méritaient pas. Je les ai enveloppées dans du papier de soie, je les ai déposées quasi religieusement dans un carton et je me suis sauvée. Elles ont dû finir à l'abattoir...
...mais elles ne pouvaient plus m'accompagner, j'ai besoin aujourd'hui de nouvelles écritures, j'ai besoin de place,j'ai besoin d'écrire des petits papiers qu'il me faut laisser passer, comme dans la chanson, des papiers neufs qui ne sentiront pas la naphtaline.
Et puis ce dernier petit papier qui n'a pas voulu se coucher et qui résiste à l'appel du grand fourgon, il est là, écrit en 2005 et qui portait ce curieux titre.

"Effacer les traces"

Je lui ai demandé de me ramener mon livre "La mare au diable" de Madame sand. Il n'a pas pu le lire m'avait-il dit quelques semaines auparavant, pas le temps, mais il avait toutefois essayé, quelques lignes à la volée.
On ne lit pas Madame Sand à la volée.
Les terres contées par Aurore ne se satisfont pas de l'à peu-près. On la lit à la nuit tombée, sous la lampe et on se laisse porter par la brume qui commence à peine à recouvrir les marais vers Nohant.
Je voulais récupérer mon livre et effacer les traces, les miennes, ma signature.
(11/10/2005)

Aujourd'hui, je ne voudrais plus effacer certaines traces encore moins ma signature qui m'est aussi personnelle que mon empreinte digitale, je veux emprunter de nouveaux chemins, ceux de traverse m'attirent aussi, je n'ai pas peur des ornières, je ne crains pas les fossés, je veux ce que je crois pouvoir entrevoir : la lumière !
Et j'aime toujours George Sand.

...Laissez parler les petits papiers
A l'occasion, papier chiffon
Puissent-ils un soir, papier buvard
Vous consoler...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

les petits pas que tu as fait pour ne pas perdre pied te détachent aussi de tes papiers ...
chaque jour à venir est un papier a griffonner
et tu écris bellement beau
baisers d'amour ma Laurence

Diane a dit…

Ohh Lolo revenir à ton blog, relire ton blog, te relire.
Te détacher du passé pour renaître, c'est toi ça.
La vie droit devant c'est toi aussi. Goûter, aimer, sentir, vibrer... tout toi encore.
Diane.