mercredi 6 mai 2015

Des barbelés

Nous passons Gaïa et moi la poterne Banasterie avant de longer les remparts. Je ramasse des morceaux de barbelés rouillés, chaque jour, à chaque promenade et je m'étonne d'être la seule à le faire. Je ramasse comme une collectionneuse et je ne sais pas bien pourquoi je le fais, pour éviter à Gaia qu'elle se blesse, c'est certain et puis parce que ces vestiges d'un passé jonchent le sol et que le sol est aussi mon plancher.
Je vais ainsi du sol au ciel, je ramasse et je lève la tête vers les murs d'enceinte. J'habite tout près de l'ancienne prison qui occupe un grand pan du quartier, de l'autre côté, vers les remparts, les barbelés sont encore visibles, ils tomberont d'usure et j'imagine que les ramasserais aussi.
Ce n'est pas que cela m'occupe, c'est que cela m'inspire plutôt, le vent de la liberté doit décoiffer mes courts cheveux peut être mais plus sérieusement, ces murs me touchent, ils gardent des murmures, des plaintes, des cris et je pourrais les entendre rien qu'à poser mes doigts sur les pierres.
Incorrigible sentimentale ? non, pas même, c'est le ciel bleu au dessus des toits, c'est la verdure de l'arbre, le mauve éclatant des fleurs qui poussent là, dans un petit cabanon imbriqué dans ces murs de prison, qui m'inspirent. Les deux symboles accolés, la privation de liberté et l'énergie féroce à pousser vers la vie malgré tout. J'entends cela, cette énergie est sous mes pieds, elle roule, elle me pousse, elle circule, elle remonte, je peux continuer à ramasser mes fils barbelés rouillés jusqu'au dernier, je suis debout et terriblement vivante.
C'est rien hein?  c'est déjà le début.

1 commentaire:

Diane a dit…

Vous avez le mur des offrandes qui a l'air si beau avec ses petites cases?
Tu écris la vie, la respiration, le coeur, divinement bien Lolo.
On vibre à tes mots.
Encoooooore... tant j'aime te lire.