dimanche 13 décembre 2009

Dimanche en poésie

Pas un, mais deux poèmes pour un dimanche emmitouflé, les vers protègent du froid.
Le premier, court, est de Jules Supervielle poète célèbre mais parfois négligé.

Le coquillage et l’oreille

Mais un profond coquillage

Dont le son veille, caché,

D'âge en âge attend l'oreille

Qui finit par s'approcher.

Et l'homme qui le rencontre

Écoutant ce bruit lointain

Dévide au fond de la conque

L'invisible fil marin.

L'oreille, conque elle-même,

Aboutissant au cerveau

Va des profondeurs humaines

Au maritime écheveau

Et compare sur la plage

Le dehors et le dedans

Cependant que l'océan

Toujours change de pelage.


Extrait du recueil "Les amis inconnus"

Le second est de mon ami Pascal, ma "Picoulette". Du talent, l'homme n'en manque pas, c'est un joueur de mots, il s'en amuse et jongle avec, mais la poésie n'est pas toujours primesautière, aller au bout des mots, c'est vérifier le cours de la vie. Elle est capable de tout la bougresse, des bulles de couleur qu'elle dessine sur les ciels d'orage jusqu'à la pétarade incandescente qui met le coeur à vif, la poésie, c'est la vie comme elle va, et nous avec.

Libido blues (à John Lee Walker)

je (c)rêve de toi...
A peaufiner peau de chamois tes ombres
En taillant mes crayons de couleur
Sur mes envies acérées de te serrer
Je te gouache aussi dans mes nuits
A petits coups de ballet de pinceaux
Des yeux excités de chienne tigresse

je (c)rêve de toi...
Je me sais déjà goulu de ta bouche
Rouge comme le moulin de Lautrec
L'eau du plaisir aux limites de l'aube
Je me sens calisson polisson
A fondre sur les rives de ta langue
Sous ton regard quai des Brumes

Je (c)rêve de toi...
A saupoudrer tes goûts entêtants
Sur les p'tits morceaux de mes jours
En patience de nos rv nocturnes
A m'imaginer petit puceau
En visite au bordel, tout ému
Découvrant mon sexe pinocchio

Je (c)rêve de toi...
A t'écouter frissonner croyant
Que toi aussi tu te te godelines
Les yeux plissés comme ta jupe levée
Surprise de fleurir tes jamaïques
Orchestre que tu mènes du bout du doigt
Le bonheur si tu pensais à moi...

Je (c)rêve de toi...

La très belle photo est celle de Rémi petit fils du grand photographe Edouard Boubat.

Les participants aux dimanches poétiques sont à retrouver listés par Celsmoon de miel

8 commentaires:

celsmoon a dit…

Ton ami a un incroyable talent :!! C'est bon de sentir les mots si bien maîtrisés :) Des bises pour ce dimanche !

Mangolila a dit…

J'aime beaucoup! Surtout le second poème, particulièrement fort! Et la photo est magnifique!

Armande a dit…

Supervielle est un de mes poètes préférés. La photo reflète tout ce que j'aime : simplicité et émotion.

Anonyme a dit…

J'ai toujours eu du mal avec la poésie. Je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être à cause des rimes qu'on doit parfois obtenir ? Cela dit, j'en trouve de très belles et elles me font justement oublier qu'elles sont poésies...
J'aime beaucoup plus ta plume. Tu m'enchantes toujours quand tu nous glisses un billet, qu'il soit gai ou triste. J'aime vraiment ton écriture ; c'est une de mes lectures préférées... et elle est tellement poétique...

Armide + pistol a dit…

Que vive la poésie !
Je me suis trouvée en terrain familier dans les mots du deuxième poème, autant, bien que de façon très différente dans celui de Jules Supervielle.

Mangolila a dit…

Bonsoir Laurence! Voilà que je t'ai retaguée!

Anonyme a dit…

tu me touchecoules de m'afficher à ta une...
un merci en sourire à celles et ceux qui ont aimé ma bousculade de mots

bisous à toi

Pascal

Sarah a dit…

Bonjour,
J'aime beaucoup le premier poème de notre ami Jules.
Et la photo.