Le rendez-vous de mai qui n'existe plus depuis 2006 et que j'avais pourtant coutume d'honorer, celui-ci :
"Les Folles de la Place de Mai " et leurs fichus blancs.
Elles ne marchent plus depuis 2006.
Elles sont usées.
Elles marchaient depuis 1977 contre la dictature et pour retrouver leurs enfants.
Je pourrais écrire des tartines sur ces femmes qui m'émeuvent aux larmes, je ne le ferai pas.
Je les porte dans mon coeur depuis leur première marche.
Elles sont, demeurent et demeureront pour moi, plus qu'un symbole, elles sont l'indicible courage des mères.
Elles marchaient en janvier, sur la Place de Mai, ça se passait à Buenos Aires.
Parce que...
Il n'y a pas que le tango en Argentine !
Un jour d'avril 1977, quatorze d'entre elles se retrouvent sur la place de Mai, au milieu de laquelle une pyramide symbolise la lutte pour l'indépendance. Elles sont arrivées séparément, et n'ont avec elles que leur ticket d'autobus et leur carte d'identité. elles n'ont pas de sac et portent des chaussures plates et légères, au cas il leur faudrait fuir rapidement. C'est malheureusement un samedi, mauvais jour pour solliciter une audience ou attirer l'attention des passants.
Elles profitent alors des semaines qui suivent pour contacter d'autres mères, et décident de se réunir nombreuses, le jeudi 30 mai 1977 sur cette place, centre du pouvoir militaire, mais aussi mémoire politique du pays. La police arrive, mauvaise, et ordonne aux manifestantes de circuler. Ce qu'elles font, mais en file, elles se mettent à tourner, bras dessus, bras dessous, comme par défi, et entament leur première ronde. Elles sont convaincues qu'il faut agir en plein jour et, sans vraiment en avoir conscience, contredisent formellement la philosophie du secret, base sur laquelle l'autorité exerce son pouvoir. Le coeur, seul, parle. L'émotion leur donne la force.
Le gouvernement les dénomma rapidement "las locas", les folles, croyant les tourner en ridicule et décourager leurs sympathisants. Mais les Mères continuèrent semaines après semaines à "circuler". Le mouvement prit doucement de l'ampleur. L'expression "folles de la place de Mai" fit le tour du monde, mais avec une connotation que le gouvernement argentin n'avait pas prévue : les Mères étaient de furieuses résistantes, leur "folie" était signe de santé, elles instituaient le droit à la rébellion.
La coupe du monde de football en 1978 en Argentine, la venue du Pape, le congrès international de recherches contre le cancer, etc... leur permirent d'accroître encore leur audience, auprès des journalistes étrangers en particulier. La guerre des Malouines que la junte militaire avait "imprudemment" enclenché pour contrer le mécontentement grandissant de la population (des dizaines de milliers de personnes défilent à Buenos Aires en criant "Paix, Pain et Travail") et provoquer une mobilisation patriotique, devient en fait le détonateur de la crise et signe la chute du pouvoir militaire.
24 heures après la reddition du général Menendez, la foule revient sur la place de Mai, mais en furie cette fois-ci. Les "folles" ne sont plus seules...
mercredi 11 juin 2008
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2 commentaires:
Je ne connaissais pas du tout cette histoire des "folles de la place de mai". C'est une histoire extrêmement touchante, qui me plaît beaucoup, d'autant plus que ces femmes, grâce à la non-violence et leur ténacité, ont réussi à faire tomber une dictature, mine de rien...
Un bel exemple de démocratie et surtout, surtout, la preuve que le pouvoir appartient aux peuples quand ils le décident.
Un exemple à suivre ; même chez nous ; non ?
Merci ma Lolo. Merci beaucoup. :-)
J'ai toujours a ma façon aussi honoré les "folles de la place de mai" cette solidarité, ce soutien dans la douleur incessant, avec quelle bravoure du coeur et comme je les admire encore.
Cette force incroyable.
BiZZZZZZZZ a toi Lolo
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