lundi 16 février 2009

Au blog, comme au bistrot

Si je voulais, je passerais ma vie sur internet, genre nolife. Si je voulais, parce que je trouve que je passe déjà bien trop de temps sur la toile mais c'est pas de ma faute, c'est celle de la curiosité.
Je pousse des portes, je découvre des blogs, je lis les commentaires, je suis voyeuse, je m'immisce dans les conversations.
J'ai parfois été joliment congédiée et parfois moins joliment. Le blog, c'est comme au bistrot quand tu siffles ton kir avec les copains du dimanche, et encore le kir, c'est classe, le blog c'est comme au salon de thé quand tu sirotes ton lapsang-souchong sur fond de muffins aux airelles. Arriver dans un blog à l'heure du thé, récolte "César" (2 jours par an, c'est vous dire s'il est rare !) pour commenter les résultats de l'OL, c'est inévitablement courir le risque d'un sourire glacé, sourire quand même parce que le blog delikatessen est bien éduqué.
Arriver dans un blog littéraire suppose, si on veut apporter sa petite pierre à l'édifice, quelques connaissances et un carnet rechargeable parce qu'on n'arrête pas de noter, le blog littéraire est un must et je le dis sans moquerie mais il essaime plus vite que l'acné chez les moins de 16 ans, impossible de suivre...
Le blog artentoutgenre aussi est un incontournable, là, pour ce qui est de ma pomme, je me tais, je regarde, je me risque parfois à un commentaire du style ô combien épuré "c'est beau, j'aime beaucoup ! " qui me vaut parfois une réponse ô combien laconique : "merci !" .
Mon blog favori reste le Grand Bazar, celui des mines du Roi Salomon, le seul qui me vaille des pâmoisons, des "oh", des "aaaaah" des "rhaaa lovely", des grattages de cuir chevelu, des interrogations, des battements de coeur, de l'acide sulfurique en percées verticales, des remords, des regrets, des bravos, bref, le Grand Bazar me sied.
Car où, ailleurs qu'au Grand Bazar, trouver la recette du soir lorsqu'il vous reste un demi-poireau et un trou de gruyére, chanter la chanson de Léon qui préfère les lardons, admirer la floraison des Clematis Recta, pied à l'ombre, tête au soleil, où pousser des cris d'orfraie à la lecture des dernières aventures de "Frappa dingue de toi", où réfléchir devant des billets bien écrits, bien pensés, bien structurés, où se marrer, face aux désopilantes aventures de la copine Taloche à qui il arrive une catastrophe par heure, même quand elle dort, où faire du tourisme pour pas cher, rien qu'à visionner les photos, où se sentir émue aux larmes quand un blog raconte un parcours pas tout à fait ordinaire, hein, où ? sinon au Grand Bazar ?

Comme au bistrot en somme, quand je vais laper mon café, j'aime la couleur, la débâcle, le phrasé, le défrisé, le petit doigt en l'air et le coude sur la table, j'aime tout ce qui me ressemble et tout ce qui me questionne.
Moralité, il faut que je me calme un peu à naviguer ainsi sur les blogs, je m'ouvre trop de brèches qu'il m'est impossible à combler sinon en rabotant ma portion de sommeil qui devient de plus en plus congrue.
Certains me disent : "mais à quoi ça sert un blog ? " et je continue invariablement à répondre "ben à rien !" mais c'est ce rien qui fait toute la différence.
Car ce rien me fait sacrément plaisir.
Ce rien là m'appartient, je le modèle comme je veux, je peux roter les bulles de champagne et manger la choucroute avec les doigts, c'est pas rien je trouve !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Superbe billet !
J'ai souri de nombreuses fois. Voilà à quoi sert un blog : à s'ouvrir aux autres et à sourire aussi.
C'est déjà beaucoup, non ? ;)
Bises du soir !

Diane a dit…

Et a quoi ne me servait pas un blog ;-) parce que ça me vole tellement de temps que je ne circule que sur les vôtres.
Perdu les mots pour écrire et ohhhh mon technicien vient d'arriver pour réparer mon ordi qui niaise.
Comme tu dis bien et comme j'aime te lire.

Anonyme a dit…

Ta curiosité saine de causeuse analyseuse me plaît, ô combien.

Quand même, tu vois, là, en ouvrant ton blog, pas ouvert depuis plusieurs jours because trop de travail et trop besoin de sommeil, je ressens un suprême de frustration ; tout ce que j'ai loupé, tout ce qu'il y a, que je voudrai, rattraper ; je n'aime pas ressentir ça, enfin la frustration si, mais là c'est différent, c'est comme si j'étais passée à côté de quelque chose que je ne vais pas rattraper.

Rose