dimanche 25 janvier 2009

Dies dominica




J'ai beau être mécréante, la religion occupe une grande place dans ma vie. J'ai des excuses et pas des moindres, je suis née à Cluny en Bourgogne.
Feu mon père avait une maison en face des récollets, il nous a envoyées mes soeurs et moi quelques années en vacances d'été au Grand Bornand avec les religieuses. Je suis allée au catéchisme, j'ai fait ma communion solennelle, chanté dans les églises et lu les épîtres aux Corinthiens, je ne suis pas certaine d'avoir jamais cru mais je suis absolument certaine d'aimer les églises.
Je les aime romanes pour des raisons architecturales et parce que je suis persuadée que la lumière préfère les rondeurs pour s'y nicher, je les aime parce que quand on est née à Cluny, il est impossible de ne pas s'arrêter au bord du chemin, à l'entrée d'un village sans tomber sur une petite église romane qui n'en finit pas de vous appeler.
Alors, j'y vais et j'aime ça.
Dieu reconnaîtra les siens, je ne fais aucun mal à la religion, je caresse les pierres et je m'assieds en silence, je respecte qui croit et j'aime les religieux et le monde monastique parce qu'il m'épate.
Feu mon père était le vétérinaire attitré des Carmélites de Mazille, seul homme autorisé à se rendre dans un tel lieu où les religieuses vivent cloîtrées, en autarcie totale ou presque et où une seule des leurs a le droit de sortir en ville pour quérir les menus objets de commerce nécessaire à la survie.
Finalement, je pense que ce sont elles qui sont en plein dans la mouvance actuelle : ne consommer que le strict nécessaire.
Lors de la messe de Noël, nous n'étions qu'une petite communauté de visiteurs admis au Carmel, mon père en était, j'en étais aussi. Les carmélites connaissaient parfaitement le point de vue de mon père sur le sujet religieux mais l'homme était respectueux quoiqu'agnostique. Preuve s'il en est que toute conversation reste possible avec des avis opposés.
Voici quelques photos pêchées sur le oueb, je prie les propriétaires de m'excuser si je ne leur ai pas demandé les autorisations, s'ils considèrent que je dois les enlever, je le ferais, mais ce serait dommage.
Je voulais juste ajouter que je garde de ces messes de minuit un formidable souvenir et des tasses de chocolat chaud servies après par des moniales radieuses un non moins merveilleux souvenir.
Qu'elles en soient ici remerciées.
Le Carmel de Mazille accueille des aspirants aux retraites spirituelles et il n'est pas dit qu'un jour, je n'aille pas y séjourner.
A l'entrée du Carmel, le bâtiment est assez laid, mais qu'importe, puisque là est l'ivresse :
"Nous avons connu l'amour et nous y avons cru" - St Jean.
Moi aussi, j'ai connu l'amour, je le connais encore et j'y crois plus que jamais :-)
C'est beau hein, c'est MA Bourgogne ! Au loin, l'église romane de Mazille.
La très très belle abside lombarde* de l'Eglise St Blaise de Mazille
*souvenirs des maçons venus de Lombardie.

Vous écoutez si vous le voulez le "Salve Regina" des moniales.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai reçu une éducation catholique moi aussi. J'en garde encore la culture, mais je n'y crois plus. Enfin, c'est compliqué ...
Mais j'aime les églises car c'est un lieu silencieux et rempli d'un je-ne-sais-quoi.
Peu importe leur architecture et leur époque. ;)

Diane a dit…

Idem religion catholique très étouffante au québec. On a tout rejeté pour vivre librement, les curés venaient jusque dans les chambres a coucher pour avoir les confessions des femmes!!!!! Pffffffffttt
Mais j'allais au cloître près de chez moi acheter des retailles d'hosties que je mangeais en grande quantité.
J'étais très impressionnée par le cloître, comment faisaient ces religieuses pour ne jamais montrer leur visage, ne jamais sortir.
Il y avait un si beau parc derrière qui existe toujours et où j'allais faire mes mauvais coups quand j'étais petite.
Maintenant je vais marcher dans ce parc devenu le parc du sanctuaire.
Ils ont acheté le terrain et l'hôtel de mon grand-père qui était pharmacien.
Alors ce parc c'est un peu chez-nous!!!!!

Diane a dit…

Je vais parfois dans un sanctuaire conservé, la plus vieille petite église du Canada en fait.
Je m'y sens bien, j'allume un gros lampion même sans y croire.
Je prends de l'eau bénite et j'en met sur mon front malgré mon manque de croyance.
Mais quand la vie pèse trop lourd, je vais m'apaiser là bas.

Diane a dit…

Et puis j'ai signé la pétition a droite de ta page.

Je danse sur un fil a dit…

Je crois qu'il ne nous est pas si simple de nous débarasser de cette éducation.
Pour ma part, j'habitais la campagne, l'école de ma tante était en face de l'église, c'était la topographie de beaucoup de villages. Le clergé et l'école de la république cohabitaient ainsi et entretenaient même d'amicales relations.
Je suis allée au catéchisme parce que c'était comme ça, j'y ai pris du plaisir mais en grande partie à cause de la fantaisie du curé, qui je l'avais dit autrefois, était un homme d'histoire, passionné d'archéologie et fervent de la période gauloise. Il mélangeait allègrement braies et cervoises au vin des noces de Canaa. Je ne regrette pas cette période pas plus que les messes du dimanche où l'on allait avec nos beaux habits, il n'y avait pas tant d'occasion de montrer ses chaussures du dimanche bien vernies.
J'ai lâché la religion assez rapidement, je crois honnêtement n'avoir jamais eu la foi, mais je reste convaincue qu'il faut avoir un tout petit peu d'éducation religieuse pour pouvoir abandonner la religion par la suite. Se recueillir dans les églises est d'un tout autre ordre en ce qui me concerne. Je n'ai aucun goût pour le flamboyant, il me faut du modeste et du rond, je rentre dans les églises parce que j'apprécie avant tout le travail des hommes et sur cette pierre où a été bâtie cette église, se distinguent nettement les signatures de ceux qui ont apporté leur aide à l'édifice.
Les hommes et femmes de foi, les moines et moniales qui vivent retirés, habitent souvent dans de fort beaux endroits, c'est une raison supplémentaire pour en visiter leurs églises.
Le silence des églises entend-on souvent, oui, parce qu'on le goûte, parce qu'il est propice à la méditation, parce que lorsque flottent dans l'air des effluves de cet encens si particulier, l'église est bonne et belle et ça ne me gêne pas d'y pénétrer, au contraire.
Qu'est ce que ça peut faire qu'on soit croyant ou non ? qu'est ce que ça peut faire qu'on allume un cierge en pensant à quelqu'un, qu'est ce que ça peut faire qu'au lieu de psalmodier des cantiques déplumés, on chante une chanson de joie, "alléluia" est un chant d'allégresse, qu'on ne l'oublie pas.
Qu'est ce que ça peut faire ?
Prier, c'est peut être cela aussi.

Anonyme a dit…

Très bel article!!! Les photos sont très jolies! Elles donnent envie de s'y rendre...
A bientôt Laurence!
Pensées amicales de Lyon

Anonyme a dit…

Un billet qui me touche beaucoup ; il y aurait beaucoup à dire ; mais ce soir juste le souhait de partager les ressentis lors des retraites spirituelles que je fais assez régulièrement, dans un monastère, juste au dessus d'Annecy, mitoyen à une basilique. L'ordre des visitandines est cloitré dans le silence total. Elles y accueillent des retraitantes pour partager ou non leur vie monastique. Je ne manque aucun office, de l'homélie aux vêpres ; leur repas dans le silence total (juste une soeur qui fait une Lecture, ou donne des nouvelles) dans un immense réfectoire ; le parc est ouvert, seuls les écureuils gambadent à mes côtés lors de promenades ; seuls les papillons se posent sur les tranches de mon livre ; le brouhaha de la ville passe un peu au-delà des remparts qui encerclent le monastère ; j'ai souvent eu la sensation que ma liberté était du côté de ces murs-ci... Les cellules des retraitantes ont une vue plongeante sur le cloitre, merveilleusement entretenu, gonflé de pollen aux senteurs multiples. J'essaie d'y monter une fois par an, quelques jours ; cela fait quatre années que je n'y suis pas allée ; les effluves de l'encens qui saisissent l'âme, le coeur et l'esprit me manquent soudain... Un bain de silence salvateur, que j'avais presque oublié, presque...

Merci Lolo pour ton texte qui m'aura permis de raviver ces émotions

Rose

Anonyme a dit…

Coucou Laurence,

Oui elle est belle Ta Bourgogne! Et si riche d'un passé... encore présent! Et Cluny a énormément apporté, donné. Je ne te demande pas si tu connais le musée du même nom...

Je danse sur un fil a dit…

Merci Paloma d'être passée me voir, je te connais tu sais, moi aussi,je vais sur ton blog, je suis tes aventures avec amusement et bonheur.
Tu as bien de la chance d'avoir des zhumains comme les tiens :-)
Oui, je connais le musée Cluny, j'ai travaillé un temps à Paris et le métro St Michel faisait partie de mes favoris :-) Comment aurais-je pu louper un tel musée ? Je m'y suis régalée et instruite.
A refaire avec bonheur.