lundi 20 octobre 2008

Un livre



« Tu vas avoir quatre-vingt-deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable »

" Cela fait cinquante huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais.
Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien "

" Nous aimerions chacun ne pas avoir à survivre à la mort de l'autre. Nous nous sommes souvent dit que si, par impossible, nous avions une seconde vie, nous voudrions la passer ensemble".

"Avant de te connaître, je n'avais jamais passé plus de deux heures avec une fille sans m'ennuyer et le lui faire sentir. Ce qui me captivait avec toi, c'est que tu me faisais accéder à un autre monde. Les valeurs qui avaient dominé mon enfance n'y avaient pas cours. Ce monde m'enchantait. Je pouvais m'évader en y entrant, sans obligations, ni appartenance. Avec toi, j'étais "ailleurs", en un lieu étranger, étranger à moi-même. Tu m'offrais l'accès à une dimension d'altérité supplémentaire, à moi qui ai toujours rejeté toute identité et ajouté les unes aux autres des identités dont aucune n'était la mienne.[...]"

Ainsi écrivait André Gorz à Dorine sa femme.
J'ai offert ce livre à darling samedi pour son anniversaire, parce que c'est un livre d'amour qui ne parle que d'amour pour celle qu'il a aimée au delà du simple vocabulaire.
André Gorz était philosophe, humaniste, essayiste, écologiste et anti-capitaliste, il disait :

La pauvreté est essentiellement relative

Selon André Gorz, on est pauvre au Viêt Nam quand on marche pieds nus, en Chine quand on n'a pas de vélo, en France quand on n'a pas de voiture, et aux États-Unis quand on n'en a qu'une petite. Selon cette définition, être pauvre signifierait donc « ne pas avoir la capacité de consommer autant d'énergie que n'en consomme le voisin » : tout le monde est le pauvre (ou le riche) de quelqu'un.

La misère, elle, est objective

On est miséreux quand on n'a pas les moyen de satisfaire des besoins élémentaires : manger à sa faim, boire, se soigner, avoir un toit décent, se vêtir. Toujours selon André Gorz, « pas plus qu'il n'y a de pauvres quand il n'y a pas de riches, pas plus il ne peut y avoir de riches quand il n'y a pas de pauvres : quand tout le monde est « riche » personne ne l'est ; de même quand tout le monde est « pauvre ». À la différence de la misère, qui est l'insuffisance de ressources pour vivre, la pauvreté est par essence relative. » Écologie et politique, Seuil, 1978, pp. 37-38

Il s'est suicidé l'année dernière, le 22 septembre avec Dorine atteinte d'une grave maladie évolutive doublée de cancer. Ils n'ont pas eu d'enfants par choix.
J'ai beaucoup aimé André Gorz, j'ai aussi tout entendu sur lui, mais j'ai rarement lu d'aussi belles pages d'amour, certains prétendent qu'il y va de son couplet sur son "je", je dis moi, que ceux-là ne connaissaient pas Gorz.
Et si je l'ai offert à darling, c'est parce que nous vivons lui et moi une étonnante, fracassante, émouvante, belle et impétueuse histoire d'amour que j'espère voir durer, grandir et fleurir.
Faites seulement que nous puissions vieillir ensemble.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Wouhaaaaaaaa ! C'est trop beau, c'est fort. C'est bon !

Je me mets à la lecture du bouquin ce soir... Je reste sans voix devant ce que tu écris sur notre histoire d'Amour.

Vraiment belle notre histoire ; très belle.

J'ch'uis trop content ! Tu es vraiment une fille bien ! Pfiouuuu !

Je t'aime en grand ! Très très grand !

Ton Darling

Anonyme a dit…

Ce billet est très beau. Pour les extraits du livre, mais aussi pour tes dernières phrases remplies d'un bel amour.